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 L'augure à double sens.

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errantgris

errantgris


Nombre de messages : 10
Date d'inscription : 25/01/2006

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MessageSujet: L'augure à double sens.   L'augure à double sens. EmptySam 22 Avr - 20:29

Un lutin de mes amis me chuchote parfois son histoire à l'oreille, la voici :
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errantgris

errantgris


Nombre de messages : 10
Date d'inscription : 25/01/2006

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MessageSujet: Re: L'augure à double sens.   L'augure à double sens. EmptySam 22 Avr - 20:29

Chapitre premier / Un bâton dans les cendres.

Madyawan marchait depuis le milieu de la nuit, la faim le tiraillait. Il avait quitté son foyer à Beltmer deux jours auparavant. Son esprit était troublé par la révélation de l'augure.
Devant lui la lande venait mourir au pied de la Grande Onde.
Le matin s’avançait doucement, l’air était encore frais et emplis des senteurs nocturnes et dans le ciel des teintes violacées annonçaient le levé du soleil.
Quand ce dernier fut haut dans le ciel le petit être fit halte prés d’un buisson coloré , s’accroupit, prit le petit sac en feuille de roseaux séchées qui pendait toujours à ses côtés et fit le compte de ses provisions. Il en conclu sans surprise qu’il devait se rationner ou trouver du ravitaillement rapidement.

Grignotant un pétale d’Aflix, Madyawan laissa son esprit vagabonder. Les odeurs de la lande se firent plus présentes, presque enivrantes.
Fixant l’horizon il calcula rapidement la distance le séparant de la berge opposée. « 1h00, 1h30 de vol » supposa-t-il.
Ses forces n’étaient pas trop entamées et le vent était faible.
Au-delà il espérait trouver la source de vérité, tel était sa tâche.

Sans le caractère impérieux de sa mission, qui engendré un stress inconfortable, le lutin aurait été très heureux de vivre simplement un très beau voyage. Bien reposé, repu, il s’apprêtait à poursuivre sa route quand une voix vibrante comme un coup de fouet cingla ses oreilles :

_« Qui es-tu ? »

Madyawan s’immobilisa, ses cœurs battants tels les tambours un jour de fête à Grivax.

_« Qui es-tu ? » répéta la voix gutturale de l’inconnu qui semblait surgir de la terre même.

Pendant d’interminables minutes la lande sembla perdre toute substance, les sens en alerte le lutin se résigna :

_« Madyawan… »Bredouilla-t-il, anxieux et furieux de s’être laissé surprendre aussi aisément.

_« Heureuse rencontre ? » demanda l’inconnu s’interrogant à haute voix.
_« Assurément ! » se répondit-il, « Il est celui que nous cherchions ».

Avançant à découvert, l’inconnu, un druidique à deux faces, s’approcha nonchalamment de Mady.
Les plus folles rumeurs couraient sur les Druidiques, sur leurs origines, leurs us et coutumes. Ils inspiraient à tous une crainte respectueuse à laquelle se mêlait fantasme et incertitude. Certains les disaient simples errants désœuvrés, d’autres puissants enchanteurs aux desseins plus ou moins troubles.

_« Nous ne te voulons pas de mal Mady, nous t’attendions. » annonça le druidique avec dans la voix un mélange déroutant de simplicité et d’autorité. L’étrange personnage se présenta sous le surnom de Galfor, sont véritable nom était imprononçable (un ensemble de son à vous arracher des larmes).

Toujours incapable de bouger (mais la surprise du début n’y était plus pour grand-chose il subissait un sort de volonté) Madyawan  vit le druidique s’installer confortablement à l’ombre du buisson, prendre sans vergogne un pétale d’Aflix dans le sac en roseau et manger avec avidité.
Les visages de son indésirable « hôte » étaient indéchiffrables, le lutin sentit la colère faire frémir ses ailes qui prirent une teinte violacée.
Galfor leva les yeux de son repas, ses yeux malicieux sourirent :
_« Paix, Madyawan, heureuse rencontre ai-je dit. Je viens t’apporter conseils ! »

_« Conseils ? Gredin, voleur ! Libère-moi ! » Vociféra le jeune lutin hors de lui, sentant la tension qui le retenait se relâcher il bondit sur ses jambes frêles et ramassa en hâtes ses affaires.
Le druidique nullement inquiet, termina son repas sans un regard.
Madyawan prit son envol.

« Paix ! Mon jeune ami » dit alors l’inconnu, l’augure t’a trompé ».

[-]

Le lutin de Beltmer cru défaillir quand il comprit que Galfor en savait beaucoup sur lui, ses ailes se figèrent et il tomba lourdement sur son séant. Le soir tombait déjà dans la lande et dès lors les cricbriqueux entamèrent leurs grésillements entêtants.

Mady regarda le ciel crépusculaire d’un air suspicieux, comment pouvait-il être si tard ? Quelques minutes auparavant il envisageait le survol de la Grande Onde et à présent la nuit s’avançait. Combien d’heures précieuses avait-il perdu ?
La colère fit frémir ses ailes, le Druidique !

Se relevant vivement, il bondit tel un félin vers le druidique et le saisit par le col.

_« Qu’avez-vous fait Galfor et que savez-vous à mon sujet ! » cracha-t-il avant de lâcher, les yeux ronds, le sac de jute qu’il tenait bêtement entre ses doigts.

La bouche grande ouverte, il regarda à quelques pas de lui le Druidique qui préparait tranquillement un feu de camp.

_« Ne reste pas là tout penaud Madyawan, ramasse ce sac et dispose son contenu autour du feu s’il te plait. » Le Druidique, dont les deux paires d’yeux brillaient d’une lueur qui dévoilait calme et concentration, ne semblait pas douter un instant que le lutin n’accède à sa requête.
Et effectivement le lutin résigné obtempéra.

Madyawan était désorienté. Il tentait, en effectuant sa tache, de rassembler ses esprits mais les ossements de toutes formes et tailles qu’il dut disposer au hasard autour du feu ne firent qu’accentuer son trouble.

Le Druidique regarda impassible la disposition des ossements. Après un temps de méditation Galfor invita d’un geste ample Madyawan à s’asseoir entre une mâchoire aux dents usées et un fémur brisé.

La nuit s’était installée et le lutin constata résigné que Leana la grande lune était déjà haute dans le ciel. Les cricbriqueux se turent quand le Druidique s’installa à la gauche de Madyawan.
Galfor était vêtu d’une robe sombre, la nature et la couleur du tissu était indéterminable. D’une de ses innombrables poches il sorti une poudre d’os aux reflets cuivrés il l’a jeta dans le feu avec un claquement de langue.

De cette nuit étrange ce fut le dernier souvenir dont Mady pu être sur au matin. Il se réveilla seul, du Druidique nul trace, hormis les cendres du feu et parmi elles un bâton de sourcier.

[-]

Chapitre deuxième / Le Chêne d’Or décline.

Beltmer était nichée dans une vaste plaine herbeuse.
Au Nord les Monts de Lurdh s’élevaient majestueusement tandis qu’au Sud un marécage s’étalait paresseusement sur des kilomètres. A l’Est comme à l’Ouest des collines, boisées et rocailleuses, embrassaient la plaine.

Les lutins avaient investi la plaine dix-sept siècles auparavant lors de l’Exode de JorEx. Les habitations harmonieuses et confortables s’intégraient parfaitement au paysage. La ville était érigée en cercles concentriques, toutes les portes des demeures étaient dirigées vers le centre de la cité et son chêne d’Or Nemeton (en langue ancienne Nenyord).
Le chêne d’Or trônait au centre, majestueux et solennel. Il était le dernier descendant de l’antique forêt faèrique des origines.

C’est Albarth le sage qui avait emporté un gland sacré dans le désastre de JorEx et l’avait planté là.
Nemeton s’élevait sur près de 83 m de hauteur, ses branches serpentaient sur une large circonférence et recouvraient un quart de la cité. Les feuilles lobées blanchâtres en hiver et cuivrées en Eté diffusaient une douce fragrance. Au pied du vénéré géant se tenait l’amphithéâtre, lieu d’accointances, de débats et des cérémonies d’augure.

La cité était irriguée par deux cours d’eau prenant leur source de Lurdh, un vaste réseau de canaux permettait à tous d’accéder à cette ressource indispensable. Les eaux usées étaient dirigées astucieusement vers les marécages pour être purifié par les plantes aquatiques.

432 âmes demeuraient à Beltmer, les ressources nourricières provenaient principalement de la culture d’ Aflix à l’Ouest et d’arbres fruitiers, actinidias au Sud (à l’abri des vents) et de cognassiers à l’Est, des troupeaux d’ovin et de bovin entretenaient la plaine et fournissaient du lait. Leurs viandes n’étaient pas consommées.

Conformément à l’antique tradition, 500 âmes maxima par Chêne d’ Or, les Lutins régulaient leurs créations. Le dernier descendant de JorEx n’avait jamais donné de fruits, les lutins s’étaient alors avec sagesse soumis à leurs destins et avaient cesser de croître.
Pendant 17 siècles Nemeton, le bois sacré, avait veillé sur la cité apportant sagesse et connaissance aux petits êtres lors des cérémonies d’initiation. Aujourd’hui il se mourrait.

[-]

Si vous n’êtes pas, vous-même, un lutin ou si vous n’en avez jamais côtoyé, les relations que les habitants de Beltmer entretenaient avec le Chêne d’Or peuvent vous paraître obscures, absurdes ou farfelues peut-être.
Quelques précisions vous sont alors nécessaire pour mieux appréhender cette « alliance ».

Le terme adéquat pour éclaircir la connexion qui existe entre lutins et arbre sacré est la symbiose.
Elle est vitale, magique. C’est un lien, un échange né d’une magie très ancienne.

JorEx, la forêt mythique des lutins, était née du Grand Echo. La magie était son essence et les lutins vivaient dans les deux mondes en même temps.
Le Chêne d’Or de Beltmer, Nemeton, était la dernière connexion directe des lutins avec le macrocosme magique.
Il leurs apportait la connaissance de l’invisible et les protégeait de la vicissitude du temps, en échange les lutins choyaient l’Arbre, le consolaient et le nourrissaient de leurs énergies. A l’heure de son trépas un lutin confiait son esprit à l’Arbre et ainsi se joignait au cosmos.

Après le désastre de JorEx et sa destruction, l’immense majorité des lutins qui parvinrent à s’enfuir, le firent sans emporter de semence de Chêne d’Or. Déconnectés trop longtemps de la magie beaucoup expirèrent de chagrin dans les cents premières années qui suivirent le grand bouleversement, d’autres mutèrent lentement jusqu’à former une race à part entière les gnomes.
Ces derniers ne vivaient pas en communauté, solitaires ils investissaient les arbres morts, les bras de rivière et les combes obscures. Ils étaient aigris, taquins, vifs et narquois, ils jalousaient les autres êtres vivants de la magie.

Les lutins de Beltmer étaient les derniers représentant de l’antique race des lutins.
Pendant 17 siècles, les petits êtres avaient fidèlement respecté le mode de vie et les traditions de leurs ancêtres.
Ils avaient trouvé une terre fertile et non souillée qui avait permis au dernier descendant de JorEx de croître.
Ils l’avaient nourrie de leurs amours et de leurs respects, génération après génération, le Chêne d’Or s’était élevé certes moins majestueux que ses aïeuls mais beau et fier.

Hélas jamais l’Arbre n’avait porté un fruit, limitant de ce fait irrémédiablement la communauté lutine. Les plus sages parmi les lutins avaient longuement étudié l’infertilité de Nemeton mais même celui-ci semblait en ignorer les causes ou le sens.
L’arbre fût alors étroitement et tendrement surveillé, trésor du peuple lutin. Mais après 17 siècles les signes tant redoutés d’un déclin apparurent et l’inquiétude s’empara de tous.

[-]

Chaque année, au printemps, cinq jeunes lutins étaient désignés pour la cérémonie de l’augure.
Au cours de cette solennité les jeunes prétendants se voyaient confier une mission par le Chêne d’OR.
Depuis l’hiver Nemeton montrait des signes d’une inéluctable décrépitude, les manœuvres affectés cette année aux soins de l’Arbre ne purent endiguer son déclin. Chaque jour il perdait d’avantage de feuilles.
La cérémonie de l’augure, le premier jour du printemps, était attendue cette année avec espoirs et craintes mêlés…

Madyawan était un jeune lutin de Beltmer, il était rêveur, imaginatif et inventif.
Son activité favorite était l’exploration des marécages, il se disait capable de parler aux grenouilles.
Plus que tout autres il aimait la vie, sous toutes ses formes. Il émanait de lui une sagesse étonnante pour son âge. Cette dernière côtoyait une promptitude à la colère, non moins étonnante, quand il était confronté à de l’injustice.
Son impartialité n’en faisait pas le plus joyeux des compagnons et les jeunes lutins de son age le trouvaient étrange, une distance s’était insidieusement installée entre eux.
Lentement Madyawan s’isolait de ses pairs, poussant toujours plus loin ses explorations et ses rêveries.
Il délaissait aussi quelque peu sa vie de citoyen et il faisait partie des très rares lutins de son âge à ne pas avoir était une seule fois affectée aux soins de Nemeton.

L’arbre sélectionnait lui-même les cinq missionnaires annuels, ceux-ci ressentaient en leurs cœurs l’invitation et le premier jour du printemps ils se faisaient connaître.
Quand vint le jour tant attendu (redouté ?), tous les habitants étaient rassemblés dans l’amphithéâtre aux pieds de Nemeton.
L’ambiance, habituellement festive pour cet événement séculaire, était étouffante. Les regards, tristes et inquiets, se portaient vers les trouées dans la frondaison.
Quand le Shaman fit taire les tambours le silence fut absolu. Tous se dévisagèrent et attendirent que les jeunes commis fassent mouvement.
Des murmures s’élevèrent quand un jeune lutin se leva et s’avança la mine grave. Madyawan !
Marchant à pas résolus le jeune lutin rejoignit le promontoire qui était le lieu de ralliement des appelés printanier.

Après de longues minutes angoissantes Madyawan, comme les autres habitants de Beltmer, se rendit à l’évidence :

Cette année, il était le seul appelé.

[-]

Le murmure enfla dans l’assemblé, les lutins debout s’interpellaient et le Shaman eut bien des difficultés à ramener le calme.
Madyawan n’avait pas bougé, les yeux fermés et le visage impassible. Intérieurement il luttait contre la terreur.

Quand le silence, aussi pesant que le bruit était angoissant, fut revenu le Shaman poursuivit la cérémonie.
A haute voix il prononça les mots gravés sur le tronc de Nenyord (Nemeton en langue nouvelle) :

« Mais qui est l’Autre ? Quel étrange messager ? Ton visage est familier, en toi ma vie s’est réfugiée.* »

Il y eu un frémissement parmi les branches et de la sève couleur sang s’écoula d’une encoche pour remplir un dé à coudre en terre cuite.

Le Shaman approcha de Madyawan le dé à la main, d’un geste précis il appliqua la sève sur les tempes du jeune lutin. Ce dernier ne sentit rien de particulier, il interrogea le shaman du regard mais celui-ci ne laissa rien paraître de ses pensées, s’il en eu.

Quelques minutes s’écoulèrent pendant lesquels Madyawan sentit la panique le gagner, et s’il s’était levé par erreur ? Cherchant au fond de lui un peu de sérénité il se calma, alors il entendit Nenyord.

S’abandonnant au Chêne d’Or le lutin laissa celui-ci parler par sa bouche.
Les scribes se concentrèrent, à l’écoute de l’Augure :

« Quel Emoi devant ce moi, devant la foi. C’est la solitude de l’espace qui résonne en nous on est si seul parfois. Toi et moi du bout des doigts nous tisserons un Autre. Une autre voie, un autre Moi…

J’ai dans ma mémoire mes faiblesses, mais au creux des miens toutes mes forces aussi. Et pour vaincre la tristesse, surmonter ses doutes il nous faut un ami, l’ami c’est lui !* »

« Madyawan est celui que je choisis pour me libérer de mes maux, qu’il parte pour une quête à la recherche de la source de vérité. Qu’il recherche Le Graal afin que nous nous souvenions de nous et qu’il nous choie.

Sur ces derniers mots, le lutin sombra dans l’inconscience. Déjà les sages s’activaient à mettre en lumière l’augure pour guider le jeune commis dans son action.

Le temps sembla suspendre son cours et un vent souffla de la plaine. Il traversa Beltmer et emporta de nombreuses feuilles mortes.
Les visages étaient fermés et sombres, l’amphithéâtre se vida en silence.

Il n’y aurait pas de fête sur le plateau de Grivax cette année.

(*inspiration L’autre de Mylène Farmer)

[-]

(à suivre !!)
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